l' industrie du barbier en Chine date d'une époque assez récente. Pendant plus de quatre mille ans le rasoir a été un instrument inconnu aux chinois, car ils portaient leurs cheveux longs, et laissaient paisiblement croître au visage les quelques poils raides et clairsemés que la nature a accordés à leur race.

Ce furent les Tartares Mantchoux qui,devenus maîtres de l'empire vers le milieux du dix septième siècle, introduise l' art du barbier, en imposant à la nation vaincue la servitude de se raser les cheveux, à l' exception d'une touffe partant du vertex vers l' occiput qui sert à former une tresse pendante au milieu du dos. Dans le principe, les Chinois regardèrent cette innovation dans leur toilette comme une humiliation; mais peu à peu ils s'y accoutumèrent , et maintenant les gens même de la plus basse classe tiennent à avoir la tête parfaitement lisse et prope en se faisant raser le plus souvent possible. Les barbiers sont donc devenus  des auxiliaires importants pour le confortable de la vie chinoise; aussi ne doit on pas être entonné de les voir à chaque pas exercer leur industrie, tantôt dans les boutiques élégantes ou les pratiques même à boire, à manger et à fumer; tantôt sous un parasol installé en plein vent avec simple  banquette, tantôt, enfin , au premier coin de rue venue ou un client les à arrêtés au passage.

Il faut savoir, en effet, que les barbiers tenant boutique ont la coutume de prendre chez eux, en qualité d'apprentis, un certain nombre de jeunes gens au quel ils appennent grosso modo à donner quelques coups de rasoir, et qu'ils envoient roder dans les rues pendant toute la journée à la recherche des ouvriers, des hommes de peine ou des paysans qui n'ont pas le temps ou le moyen de se faire raser avant de sortir de la maison. Ces barbitons ambulants avertissent le public de leur passage en écartant avec le pouce les deux becs d'une sorte de pincette en acier qui, en se refermant brusquement,vibrent au loin d'un son très aigu.Un sac pendu à leur épaule renferme des rasoirs des peignes, des brosses, un bassin en métal et un plateau en bois ou en cuivre pour recevoir les produits de la rasure; quelquefois un petit meuble de bois, porté au bout d'un bâton, contient de l'eau chaude entretenue telle par un réchaud, et de l'eau fraîche placée au dessus avec l'intervalle d'un tiroir pour les outils et les savons. Pour faire équilibre au poids de ce meuble, un petit banc à quatre pieds est suspendu à l' autre extrémité du bâton, qui se place ainsi horizontalement sur l'épaule.

Le premier venu arrête le barbier qui passe et demande à se faire raser la tête. Les ustensiles sont aussitôt déposés et étales sur un côté de la rue, et l' opération a lieu aussitôt sans que le barbier ni de la pratique s' inquiets des allants ou des venant, des paltaquins qui passent au grand trop ou des coulis chargés de volumineux fardeaux, qui poussent de grands cris pour qu'on leur laisse le libre passage.

Quand la tête est bien rasée et lavée, c'est le tour de la natte, que le barbier défait,peigne, brosse, et tresse, et tresse à nouveau, en la rallongeant d' un écheveau de cordonnet noir qui décent jusqu'à terre. Après la natte, c'est le tour des oreilles, dontl'opérateur nettoie l'interieur avec une petite spatule en fer, à l'action de laquelle on doit indubitablement attribuer les nombreux cas de surdité qu'on remarque en Chine. Le même instrument sert ensuite à caresser les cils des yeux, afin de provoquer, par ce mouvement chatouilleux, le dégorgement...

 

 

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